Aucun Français n’a mieux connu le Général de Gaulle que Pierre Billotte. Pendant 30 ans, il a été son condisciple, puis son confident, son ami, son chef d’État-major, son ministre d’État, son conseiller ; ensuite, à Londres, pendant toute la période de la « France Libre » et à Alger, après le débarquement des Alliés, son fidèle compagnon de tous les instants. C’est dire que nul, aussi intimement que lui, n’a pu cerner le personnage de de Gaulle dans sa totalité et, en particulier, dans un de ses aspects les plus insolites et les moins familiers. Le récit de Pierre Billotte constitue donc une sorte de sondage, qui nous révèle ce que presque tout le monde ignore : de Gaulle, sans cesser d’être au niveau de lui-même, s’échappant, tout à coup, de sa gravité, pour se livrer, avec une liberté inaccoutumée, à son goût de la plaisanterie, du « trait », de la flèche, de l’ironie, de la réplique cinglante, et parfois d’un comportement farfelu, malicieux et gamin. Irrésistible humour qui passe par toutes les couleurs : noir, rose, grinçant, un peu fou, mélancolique, tendre, féroce, discret comme un clin d’œil, ou pétaradant comme un feu d’artifice, mais toujours humain.