L’évolution du monde de ces vingt dernières années n’a pas été conforme, c’est le moins qu’on puisse dire, aux prévisions des hommes politiques, des intellectuels et des réformateurs sociaux férus de liberté, d’égalité et de fraternité. L’auteur, dans ce vigoureux essai qui s’inscrit à contre-courant, démontre comment, en dépit des prévisions marxistes, l’Occident capitaliste a vu l’embourgeoisement progressif de la classe ouvrière, c’est-à-dire un nivellement par le haut, alors que — dans les pays socialistes — le nivellement s’est fait par le bas, la bourgeoisie se trouvant éliminée au profit du prolétariat. Il n’a pas de peine à prouver également qu’à l’inverse de ce qui avait été escompté, le retour à la paix, l’élévation du niveau de vie et l’atténuation des inégalités, ont rendu, en Occident, les hommes plus égoïstes, plus envieux, plus revendicatifs et, pour tout dire, moins fraternels. Si la fraternité se révèle plus grande chez les peuples sous-développés, c’est que les États autoritaires excellent à rassembler les masses autour de quelques idées-forces, patriotiques ou révolutionnaires. Quant à la solidarité des peuples du Tiers Monde, elle n’est que de pure forme, ne trouvant son origine que dans un dénuement commun, et un même ressentiment à l’égard des nations nanties. L’auteur ne se livre pas seulement à une critique implacable du conformisme intellectuel où sont enfermées certaines élites occidentales. Porté par sa connaissance de l’évolution des sociétés humaines, il propose des solutions, en appelant — pour la France et pour l’Occident — le retour aux voies de l’initiative et du libéralisme économiques.