Une toute jeune femme — qui n’est autre que l’auteur - lui-même atteint du mal de Pott — est envoyée à Berck, cité des grands malades osseux au bord de la mer du Nord, pour y faire une cure en sanatorium. La terrible maladie qui l’oblige à porter une gaine de plâtre, à s’astreindre aux régimes les plus durs, ne l’empêchera pas de vivre résolument, profondément, avec une extraordinaire lucidité, les étapes de ses souffrances, dont elle finira d’ailleurs par triompher. Pourquoi ? parce qu’elle croit en la force de la vie, en ses souvenirs heureux du pays de soleil où elle est née. Mais cette même lucidité, et cette même foi, l’amènent à pénétrer les drames de tous les « allongés » qui sont ses compagnons : des enfants innocents, qui s’interrogent sur l’injustice de leur sort ; des garçons et des filles, qui rêvent à l’amour, à la danse, à la souplesse de leur corps enfin délivré ; de cette Fanny Mazurier, qui trouve dans sa foi de quoi transfigurer son mal ; d’Alain Gilbert, dont l’extraordinaire passion obtiendra son exaucement ; de toutes ces vies mutilées, qui restent pourtant si vivantes, plus vivantes que les ordinaires existences, comme enrichies par leur épreuve.