Dans le cycle de l’Épopée napoléonienne, le maréchal Ney (1769-1815) occupe la place d’un Roland ou d’un Bayard. Duc d’Elchingen et prince de la Moskowa par la grâce de l’Empereur, surnommé le « brave des braves », il s’illustre par sa vaillance et par une audace pas toujours réfléchie. Déifié par la légende, Ney l’a été aussi en raison de sa fin tragique. Il est fusillé au début de la seconde Restauration, pour s’être rallié à Napoléon pendant les Cent jours, au lieu de le ramener dans une « cage de fer », ainsi qu’il l’avait promis à Louis XVIII. Le maréchal Ney rejoint, à la barre des grands procès de l’histoire de France, Louis XVI, Bazaine, Dreyfus, Pétain. Cassure politique, le procès Ney a suscité une vive polémique, habilement exploitée par les Bonapartistes, les Orléanistes et les Républicains. L’exécution du « brave des braves », un matin gris du mois de décembre 1815, au carrefour de l’Observatoire, fait oublier l’irritabilité de ce « mauvais coucheur », sa nature mobile, et cette opinion sévère de Napoléon : « Il était bon sur un champ de bataille, mais je n’aurais pas dû le nommer maréchal. » L’exploration du fonds Ney, aux Archives nationales, met en lumière, à côté de sa vaillance, les contradictions et les faiblesses du plus célèbre maréchal de Napoléon qui, à défaut d’avoir été « un esprit », fut incontestablement « un caractère ». Fils d’un modeste artisan de Sarrelouis, il manifeste de l’orgueil pour ce qu’il est, et du mépris pour ce qu’il a été. Le « Lion rouge », comme on le baptisa, rugira de colère, une ultime fois, à Waterloo, avant de faire face au peloton d’exécution.