Trois œuvres d’art françaises de la fin du xvie siècle et du début du xviie siècle, différentes dans leur technique et dans leur destination, mais présentant une même curiosité iconographique déroutante : un portrait très précis du roi au milieu d’une scène religieuse en apparence banale. Peut-on y retrouver des références précises aux enjeux politiques et confessionnels de la sortie des guerres de religion et de la construction de l’absolutisme, sans renouer avec les vieilles lunes interprétatives de la « propagande royale » ou de la « rationalisation religieuse » du pouvoir ? Peut-on, au prix de la restitution minutieuse de leurs conditions de production, de réception et de fonctionnement, retrouver le rôle efficace qui fût le leur ? C’est à ces questions qu’entend répondre ce livre, proposant trois enquêtes qui prennent pour fil directeur des œuvres peu ou mal connues : les Puys amiénois, le retable d’émail du Musée des Beaux-Arts de Lyon, les chartes de mariage lyonnaises. La présence des premiers Bourbon n’y doit en effet rien à une quelconque exigence du roi ou de ses agents, à une commande officielle : elle s’explique par les stratégies que certains acteurs mettent en œuvre pour négocier leur rôle dans le redressement du royaume et concilier au mieux conviction catholique et fidélité monarchique.