Quand Henri Dabot (1831-1907) termine sa longue carrière d'avocat, il relit et reprend le journal qu'il a tenu au long de sa vie d'adulte. Ce Parisien curieux de tout et fin observateur, féru d'histoire, a consigné ses 'griffonnages' – comme il aimait à le dire lui-même. Républicain modéré et bon catholique, il aurait pu ne laisser que des écrits un peu plats et ternes, prudhommesques, mais, grâce à son esprit délié, il a au contraire donné des textes relevés et vivants, très plaisants à lire, regorgeant de faits, de détails quotidiens, d'anecdotes, sur l'actualité politique et les mœurs sociales. Mais c'est en deux temps qu'Henri Dabot a conçu ce qui nous reste comme l'un des plus précieux témoignages contemporains de la seconde moitié du XIXe siècle : un fil quotidien, écrit au présent des événements ; et un commentaire rétrospectif, qui analyse, remet en perspective, compare, donne sa dimension historique à l'archive. Ce volume couvre la période courant de mai 1869 à décembre 1871, ces moments dramatiques de la guerre franco-prussienne, du siège de Paris, puis de la Commune. Ces Griffonnages offrent les notes prises sur le vif relatives à la guerre, à la politique, à l'alimentation et aux différents aspects du quotidien : la vie dans les caves, les bombardements, la faim, la petite vérole, l'inquiétude pour les amis et la famille, la progression des combats et des pillages dans Paris insurgé puis mis au pas par les Versaillais.