Au tournant des XIIe-XIIIe siècles, le Jeu d’Adam inaugure l’histoire du théâtre français par la mise en scène des origines de l’histoire humaine : création, tentation et chute d’Adam et d’Eve, meurtre d’Abel. Mais, comme ces siècles ne regardent le péché qu’à travers le pardon, la succession des Prophètes du Christ fait entendre le message de l’espérance. Une édition critique – au sens philologique du terme – de l'unique copie de ce chef d’œuvre à la fois difficile et essentiel, malmené par les aléas d'une tradition complexe, s'imposait. S'appuyant sur une enquête codicologique, paléographique, linguistique, liturgique affranchie des idées en vogue et porteuse de nouveaux questionnements, toujours attentive à maintenir la distinction entre original et copie, elle replace aussi l’œuvre dans son environnement social et liturgique : le Jeu d’Adam s’inscrit dans la tradition du théâtre latin, qu'il subvertit en adoptant le français pour des dialogues d’une force et d’une finesse dramatiques sans précédent. La traduction en français moderne s'efforce de les rendre au plus près.