Membre du Conseil Économique et Social (où il vient de faire adopter, à la quasi unanimité, un rapport sur la comparaison entre les prévisions et les résultats de la Comptabilité économique nationale), André Barjonet est aussi, depuis plus de quinze ans, secrétaire du Centre d’études économiques de la C.G.T. À ce titre, il s’occupe plus spécialement des questions de prix, de salaires, de budgets-types, de « minimum vital ». Il représente d’ailleurs la C.G.T. dans des organismes tels que le Comité national des prix et la Commission supérieure des conventions collectives. Il était donc particulièrement qualifié pour aborder aujourd’hui, de façon simple mais systématique, le problème de la paupérisation dont, dès 1955, Maurice Thorez a montré l’exceptionnelle importance. Dans sa plaquette, André Barjonet fait d’abord comparaître devant le « tribunal des faits » les éléments qui permettent d’affirmer que le pouvoir d’achat ouvrier s’est dégradé d’un tiers entre 1938 et 1961. Dans ce chapitre, l’auteur joue « cartes sur table » et indique toutes ses références. C’est, à notre connaissance, la première fois que l’on publie en France un indice des prix basé sur 1938 dont chacun soit à même de contrôler les données. Ayant ensuite examiné les causes théoriques qui expliquent cette dégradation du pouvoir d’achat, André Barjonet montre que le phénomène de paupérisation est encore plus complexe : il n’atteint pas seulement l’« avoir » de l’ouvrier, mais son être lui-même (c’est l’objet du chapitre sur « l’homme mutilé »). Cet aspect de la question amène naturellement l’auteur à examiner, immédiatement après le problème du caractère historique des besoins sociaux de l’homme. À partir de cette étude il montre comment la paupérisation des travailleurs est bien la loi absolue du capitalisme. Le dernier chapitre est consacré à l’examen des « facteurs antagoniques » de la paupérisation : à cette occasion, André Barjonet souligne l’importance vitale de la lutte des travailleurs dont il montre cependant les limites. Seul, le socialisme peut abolir définitivement les causes fondamentales de la paupérisation qui découlent du mécanisme même de l’accumulation capitaliste ; seul, il donnera à tous « du pain et des roses ».