Acteur copieusement conspué, auteur tout juste digne d'être élevé au rang de “Rousseau des ruisseaux”, alcoolique notoire, terroriste sanguinaire, qui adule Robespierre avant de lâchement le trahir... telle est la vulgate communément admise à propos de Collot d'Herbois, après deux siècles d'écriture historique Passé écrit, voire réécrit par les vainqueurs ? Sans doute, et Collot d'Herbois. au-delà de la vie. y a perdu son âme. L'opprobre qui pèse encore sur lui l'a banni de la mémoire collective des citoyens français, alors même qu'il fut l'un des personnages majeurs de l'an II Pourtant, en dépit d'une légende noire tenace, les archives dispersées, oubliées, parfois délibérément passées sous silence, permettent aujourd'hui de tracer un portrait singulièrement différent de celui qui écrivait en l'an III, à l'heure de ses derniers combats politiques ; “C'est à la fin de la Révolution, morts ou vivants, que nous serons tous jugés, et cette fin ce sera, malgré vous, la République démocratique : n'en doutez pas.” Il est temps de comprendre le personnage, de lui redonner la place qui fut la sienne dans le "monde des ombres" du xviiie siècle comme dans l'instant révolutionnaire.