Les années 1958-1981 montent en épingle des exceptions françaises variées et ponctuelles : l’indifférence française au fascisme, Jacques Mesrine et Albertine Sarrazin, la figure de l’énarque, les monologues de Michel Audiard, des intellectuels comme Jean-Louis Borie ou Henri Lefebvre, le punk made in France et la représentation ernalienne de la femme sont autant de cas de figure liés à l’affirmation d’une exceptionnalité hexagonale. Or ces exceptions plurielles engendrent par effet cumulatif une imprégnation des esprits qui les dispose à croire dur comme fer à l’existence d’une universalité de la différence française. Appelé « l’exception française », ce nœud d’idéologèmes passe bientôt pour une évidence et trouvera des utilités diplomatiques quand il se fondra avec l’idée d’exception culturelle lors des négociations de l’Uruguay Round, au sein du GATT, en 1986. La thèse ici défendue est que la théorie des exceptions partielles a conduit à la proclamation d’une exception globale toute théorique.