Et j'essaie. Et j'ai peur. J'ai peur d'écrire sur les faux-fuyants, les sentiments, le surmenage, la dépression et les crises, parce que je reste persuadée qu'assumer ma vulnérabilité me fait paraître fragile et non pas forte. J'ai peur de reconnaître que je suis jeune, mignonne et impuissante. J'ai peur d'assumer tout ce qu'il y a de difficile, tout ce qu'il y a de moche, tout cequ'il y a de déplaisant. J'ai peur de me dévoiler. J'ai peur qu'on me prenne en pitié. Qu'on m'en veuille. Qu'on m'engueule. J'ai peur d'être cette femme qui dérange. Et peur de ne pas déranger assez. J'ai peur. Mais je le fais quand même. » Emilie Pine écrit ici toutes les choses qu'elle ne dira pas. À la tradition du récit linéaire personnel, avec début et fin, Emilie Pine préfère la forme fragmentaire, plus à même d'exprimer tous les moments et sujets qui bouillent en elle et de les explorer sous différentes perspectives, d'oser la contradiction, d'en tirer l'essentiel. Abordant les thèmes de l'addiction, de la famille, de l'infertilité, du féminisme, des violences sexuelles ou encore de la dépression, Notes à usage personnel est cru, drôle et radicalement honnête. Poignant et juste, ce livre dessine l'histoire en creux d'une femme formidable en rébellion contre le silence.