Ces quarante-six études réunies en l'honneur de Bernard Gueneé montrent comment, sous son influence, l’histoire politique s'est affirmée dans l’historiographie française depuis la parution, en 1971, de la première édition de L'Occident aux XIVe et XVe siècles, les États (Paris. Presses Universitaires de France, Collection Nouvelle Clio). Elles sont à l’image d'une recherche et d’un enseignement qui ont toujours eu le constant souci de se référer aux documents inédits, sans que l’érudition la plus stricte masque les hypothèses hardies. L’ensemble se divise en trois parties dont la démarche est assez homogène pour être soulignée. Le règne de Charles VI, en particulier à travers la Chronique du religieux de Saint-Denys, sert de point d’ancrage chronologique. L’écriture de l’histoire fait sortir de l’ombre des écrivains inconnus, savants ou vulgarisateurs, tandis que sont privilégiés les liens que la royauté entretient avec l’idéologie, qu’il s’agisse de l’écrit, de la parole ou des rituels. Il apparaît ainsi un véritable foisonnement de sens, au terme duquel ce règne tant décrié d’un roi fou, apparemment soumis aux difficultés de la guerre civile entre les princes et de la guerre de Cent ans, est l’un des plus riches pour la construction de l’État comme pour le développement de la culture. Le politique y règne en maître : il était juste de lui rendre la place qu’il mérite.