La compréhension du monde contemporain ne peut pas se faire en tournant le dos à la production artistique de son époque. Mais alors qu'au xixe siècle, le roman réaliste et la sociologie naissante se sont naturellement inspirés, la conversation entre sciences sociales et littérature s'est progressivement brouillée et affaiblie. Ce processus est même devenu extrême en France, où une critique, inlassablement reprise depuis des années, a décrété la production romanesque actuelle comme désocialisée, insignifiante et enfermée dans les arcanes du moi. Ce livre est animé par une toute autre conviction, celle que certaines œuvres recèlent, à condition de bien savoir les lire, des sources majeures pour la compréhension de notre époque. En s'appuyant sur l'analyse de 200 romans, signés par 20 écrivains français contemporains, tous vivants et en pleine activité, il permet de comprendre comment le roman reste une source privilégiée de connaissance et d'imagination pour les sciences sociales. Une démonstration est faite : le roman est toujours un laboratoire pour étudier la modernité, les individus, les situations et le monde. Non seulement en montrant les limites de certaines formes de saisissement sociologique (personnage social, rôles, intrigues...), mais surtout en permettant de fabriquer de nouveaux outils d'analyse et d'interprétation. Cet ouvrage, sans équivalent, est la première étude sociologique d'envergure de la production romanesque française actuelle.