Au crépuscule, les pipistrelles volent dans l’air mauve. Leur ballet fini, elles rejoignent l’ombre empoussiérée de leurs jours. Pour elles, pas d’aube ni de lumière. C’est aussi le destin des êtres nés dans le silence des familles de paysans immigrés, où les phrases sont comptées et lourdes de la misère quotidienne. Les drames secrets de l’enfance, de la folie, de la vieillesse s’y heurtent à la douleur muette des adultes. Alors ces petites filles ou ces vieilles femmes inventent d’autres mondes à leur mesure pour échapper à celui qui les emmure : eaux claires ou inquiètes, caravanes-fantômes, enfant-oiseau qui veut cueillir des étoiles de soleil. Ainsi survivent les pipistrelles.