L’histoire et la mémoire de l’immigration restent un phénomène méconnu en région Centre. Perçue avant tout comme « le berceau de la France » avec le Val-de-Loire et ses châteaux, la région Centre dispose pourtant d’un héritage migratoire non négligeable. Cet ouvrage propose les résultats d’une recherche menée par des historiens et des sociologues et montre la pluralité des situations locales où la figure du migrant s’incarne aussi bien dans des trajectoires d’ouvriers de l’industrie ou du bâtiment, que de bûcherons ou d’ouvrières agricoles, de nurses et autres emplois domestiques, ou encore dans la résidence de quelques migrants aisés venus étudier ou acheter de belles propriétés... Les courants migratoires, envisagés ici sur le temps long de 1789 à aujourd’hui, présentent au moins trois caractéristiques originales. La première est celle d’une tradition de migrations forcées incarnées par les Carlistes et réfugiés polonais au XIXe siècle, opposants espagnols durant les années 1930, la présence de camps d’internement durant les conflits du XXe siècle. La seconde est celle d’une immigration rurale peu visible, d’autant moins qu’il s’agissait pour partie de femmes. Ni région frontalière ni région polarisée par une grosse métropole régionale, la région Centre est enfin particulièrement intéressante pour la constante diversité de ses immigrations pour peu qu’on s’attache non seulement à la période récente mais aussi au XIXe et au premier XXe : Russes, Arméniens, Chinois, Polonais, Espagnols, Italiens, Américains, Maghrébins, Turcs, etc. s’y sont succédés et côtoyés.