Avec l’avènement de la mondialisation, la Chine est devenue en un temps record l’une des principales économies du monde. Aujourd’hui, elle talonne même les États-Unis. Elle peut par conséquent nourrir des ambitions de grande puissance, voire de puissance hégémonique. Il est toutefois surprenant que, dans les nombreuses analyses produites sur la Chine et son affirmation sur l’échiquier économique mondial, l’agriculture soit le parent pauvre. Grand pays agricole, la Chine dépend toutefois de plus en plus de l’extérieur pour son alimentation, créant ainsi un phénomène de dépendance. Or, la question agricole en Chine renvoie historiquement à la notion de sécurité alimentaire. Dans l’histoire du pays, cette idée a régulièrement fait l’objet d’une attention toute particulière de la part des dirigeants. Elle se pose avec une certaine acuité en ce début de XXIe siècle, d’autant plus qu’elle fait partie des menaces en termes de sécurité non traditionnelle qui pèsent sur la Chine, au même titre que l’énergie, et conditionne la stabilité des relations internationales. Ce livre a pour ambition d’analyser l’origine et surtout les conséquences d’une telle dépendance alimentaire pour un pays de la taille de la Chine. Est-elle en mesure d’inverser le processus, de stopper sa dépendance alimentaire vis-à-vis du reste du monde, de restaurer un auto-approvisionnement, au moins dans le secteur des grains ? Si tel n’était pas le cas, Pékin devrait alors poursuivre sa stratégie de diversification de ses approvisionnements alimentaires (investissements directs à l’étranger, achats ou locations de terres dans d’autres pays, importations massives et sécurisées par des partenariats commerciaux...). Les répercussions géoéconomiques de cette posture chinoise sur les marchés des produits agricoles seraient porteuses de tensions géopolitiques dans les années à venir.