À voir Charles de Gaulle, figé dans la stature de l’Homme du 18 juin, Yvonne de Gaulle dans celle de « la Discrète », on oublie qu’ils sont un homme et une femme, indissolublement liés au plus profond de l’intime. Charles, sensible, provocant, vulnérable, secret. Yvonne, si courageuse et si pieuse, imprévisible, parfois rieuse, et toujours amoureuse.
Si Charles est Ulysse, Yvonne n’est pas Pénélope. Elle ne reste pas à détricoter son ouvrage en l’attendant. Quitte à emporter quelques pelotes de laine, elle l’accompagne au long de l’odyssée qui les mène de Colombey à l’Élysée.
Derrière l’image du président omniprésent qu’on lui assigne : Charles de Gaulle, le rebelle. Derrière la légende de première dame retranchée dans l’ombre du héros : Yvonne, sa partenaire, allège le fardeau du pouvoir et des chausse trappes.
Elle a en elle quelque chose d’une Princesse de Clèves du XXe siècle, tout gel à l’extérieur, tout feu à l’intérieur. Elle réserve sa passion à un seul être : Charles.
Le grand œuvre du général demeure la France. D’après Malraux : « C’est elle qu’il a épousée avant Yvonne Vendroux. » Marianne est la maîtresse du Général, dit-on. Dans les coulisses de l’Élysée et les rédactions, on chuchote d’autres prénoms en se rappelant que Charles, avant d’être de Gaulle, fut « un chaud lapin ». On évoque une comtesse polonaise, on lui prête une maîtresse, une deuxième, on s’interroge. Comment le plus haut personnage de l’État pourrait-il être aussi exemplaire ? Le pouvoir est un puissant aimant, c’est connu. Yvonne, l’admirable épouse, garde un sourire de parade, et se renseigne.