Chacun d’entre nous devrait écrire une lettre à un ami. Écrire ces mots qui rappellent notre présence. Lui dire que la ville est debout, que les bouleaux résistent aux saisons, que les goélands cachent loin des îles leurs cris de liberté. Chacun d’entre nous devrait écrire à quelqu’un pour lui dire que, même assassinés, les amis sont chers. Leur rire nous rend vivants. Honneur à Jacques Roche pour qui j’écris ma plus longue lettre: que c’est triste de mourir, sans ses yeux. Ton visage demeure dans mon souvenir comme un soleil. Ce livre-hommage est un rappel à la mémoire. Kidnappé le 10 juillet 2005 à Port-au-Prince, le corps de Jacques Roche a été retrouvé le 14 juillet 2005. C’est cet acte barbare qui nourrit le poème.