Depuis ses origines antiques jusqu'à nos jours, en passant par ses recompositions en temps de révolution, la République a souvent coexisté avec des peurs individuelles et collectives de diverse nature (politique, sociale, religieuse), les a parfois suscitées et s'en est même quelquefois nourrie. Sujet de craintes sociétales et objet de politiques publiques, ces peurs ont engendré un ensemble de normes et de pratiques censées y répondre, que ces Actes se proposent d'analyser sur un peu plus de deux siècles. Quel rôle les peurs ont-elles joué dans l'élaboration et la construction de la République ? En quoi ont-elles constitué un obstacle, une remise en cause ou, au contraire, un moteur à l'édification de ses valeurs et pratiques ? Comment sont-elles produites, contrôlées ou instrumentalisées ? Sont tout d'abord établis des liens entre les discours et les stratégies de peur (1re partie). Ces peurs ont entraîné des situations d'exclusion civique (2e partie). Cette exclusion fut à plusieurs reprises légitimée par l'évocation de peurs sociales, voire d'un péril social (3e partie).