Est-ce l'amour ou l'horreur du vide que connaît le héros de ce livre ? L'un et l'autre se confondent souvent. Celui qui a vécu dans la solitude y a sans doute découvert une jouissance amère, a cru conquérir une illusoire sagesse bien vite menacée par sa propre pensée que repeuplent lentement les souvenirs. Et les autres hommes sont là, qui accrochent au passage le solitaire, l'entraînent de nouveau dans le tumulte de la vie sociale. C'est dans cet équilibre inquiétant que se trouve le héros de ce roman. Dans l'orgueil de sa solitude, il tente de conquérir une maîtrise de lui-même que démolissent bien vite les événements. Il cherche à rejeter son passé, briser tous ces liens qui font naître en lui une affreuse tendresse, mais il ne peut échapper au présent, à la glorieuse évidence de la chair, à l'appel de ce vide délicieux qu'est la femme. Presque consciemment, il forcera la main au drame. Mais L'Amour du vide n'est pas un roman philosophique. Bien au contraire. C'est une oeuvre sensuelle, aux personnages d'une vérité cruelle et pourtant sans rien d'excessif, un tableau baigné de la dure clarté méridionale qui laissera à bien des lecteurs une indéfinissable nostalgie.