Si la volonté de ne pas engendrer, attestée depuis l’Antiquité, n’est pas inédite, le choix de ne pas avoir d’enfant a ceci de moderne qu’il est désormais socialement accepté, assumé et même revendiqué comme tel. Loin de se penser comme des femmes et des hommes singuliers ou marginaux, les sans-enfant proactifs considèrent en effet qu’ils sont au centre d’une rationalité proprement contemporaine fondée sur le libre choix et dont ils représenteraient l’avant-garde. Érigé en cause, le choix de ne pas avoir enfant ni descendance n’est pourtant pas univoque, et les aléas de l’inscription généalogique y ont toute leur part. Comme y ont aussi leur part les valeurs libérales dont se réclament des hommes et des femmes à la fois résolus à soulager la planète de son excédent démographique et à s’affranchir de toute obligation intergénérationnelle. Qu’ils soient décidés de tout temps à ne pas avoir d’enfant ou qu’ils se découvrent à l’âge adulte dépourvus d’attirance pour la vie de famille, on se demandera qui sont les sans-enfant volontaires, ce qu’ils ont de commun, quelles sont leurs raisons, ce qu’ils nous disent de la société contemporaine et ce qui fait de ce choix une détermination à ne pas perpétuer l’espèce humaine.