Pour la plupart, la nouvelle ne serait qu’un vide-poche, où l’auteur déverse des histoires qui n’ont pu être exploitées dans un roman. Il ne saurait, estime-t-on, y avoir autant d’art dans un récit court que dans un roman, car tout, événements, situations, analyse des personnages, paraît demeurer à l’état d’ébauche. D’où la plus grande indifférence de la critique à l’égard de la nouvelle. On demeure stupéfait devant les lacunes qui existent dans le domaine des études françaises à propos de la nouvelle tant sur le plan de l’information (aucune histoire de la forme par exemple aux dix-neuvième et vingtième siècles) que sur le plan de son esthétique (aucune étude notamment qui approfondisse les rapports entre la nouvelle et le roman). L’auteur de ce livre se propose dès lors : d’une part, de préciser des cadres historiques encore peu connus ; d’autre part, de cerner la spécificité des conceptions successives de la nouvelle, grâce à leur confrontation et à une comparaison avec le roman et le conte. Le livre ne prétend pas épuiser tous les problèmes soulevés par la nouvelle ; c’est avant tout un ouvrage de synthèse, qui voudrait faire découvrir une forme d’expression si injustement négligée.