Face à la crise de l’union monétaire européenne, l’Allemagne prend acte avec amertume des violations répétées de ses règles de fonctionnement. État fédéral par excellence, elle hésite à s’engager vers une fédéralisation de l’UE, mesurant l’ampleur des sacrifices financiers qu’elle entraînerait. Certains de ses dirigeants avouent une foi européenne déclinante et insistent sur un respect de plus en plus strict de la souveraineté des États. Berlin soutient désormais la vision française d’une gouvernance économique de l’euro, mais ne la conçoit que dans un cadre intergouvernemental. Alors que l’engagement européen de l’Allemagne paraît plus incertain, son ancrage transatlantique se fissure. Présent sur de nombreux théâtres, Berlin refuse de s’engager dans des opérations de combat et ne semble toujours pas décidé à doter son armée de moyens crédibles face aux crises. Son abstention à l’ONU lors du vote sur la crise libyenne s’inscrit dans une « culture de retenue » honorable, mais qui l’éloigne de ses partenaires américain et français, alors qu’il se rapproche des « nouveaux centres de pouvoir », Russie ou Chine. Trop forte pour un repli sur soi, trop faible pour les attentes - parfois excessives - de ses partenaires, l’Allemagne demeure une « puissance malgré elle ».