On a pu dire de l’oeuvre considérable de George Steiner qu’elle tourne tout entière autour du langage, de son sens et de ses conséquences morales et religieuses. On s’en convaincra aisément en lisant cet ouvrage écrit voici quarante ans, par l’auteur de Après Babel et Réelles présences, et qui, dans un style clair et rigoureux, analyse les menaces qui pèsent sur le langage, sur la position du poète face à la barbarie et la survie d’un sens lié à la culture occidentale. Les humanités survivront-elles ? Chacun sait que la réponse est un combat qui ne cessera jamais. George Steiner est né à Paris de parents juifs viennois, le 23 avril 1929. Il quitte la France en 1940 pour New York où il poursuivra ses études au lycée Français. Diplômé en sciences physiques et mathématiques, critique littéraire et professeur de littérature anglaise et comparée à Genève, il connaît un succès notoire avec son cours sur Shakespeare ; son enseignement genevois se double d’une activité de conférencier auprès des instituts universitaires les plus prestigieux du monde. George Steiner ne se définit lui-même ni en tant que critique, ni en tant qu’écrivain ou universitaire, mais bien plutôt comme « maître à lire ». Ses lectures infinies se sont cristallisées aussi bien dans ses articles publiés dans le New Yorker que dans d’innombrables publications.