L'expansion économique est-elle capable, par soi seule, de réduire les inégalités économiques et sociales ? Les transformations de l'économie sont-elles de nature à déterminer des changements sociaux, qu'il s'agisse de la place des plus jeunes ou des femmes dans la société, des systèmes d'autorité ou des valeurs morales ? Si les catégories les plus défavorisées voient leur niveau s'élever et leur nombre diminuer, tandis que croissent les classes moyennes, si le mode de vie urbain, et les avantages associés, pénètrent des couches de plus en plus larges de la population, les inégalités relatives se perpétuent, à peu près inchangées, et les individus héritent à la naissance des chances tout à fait inégales de s'élever dans la hiérarchie sociale, soit par leur activité économique soit par leurs études. Ces permanences dans le changement font voir que notre société, qui tend à se donner pour fin le progrès économique et l'égalité sociale, reste habitée par des forces capables de contredire ces aspirations.