En France, on aime les bébés : on dépense des fortunes pour les concevoir, les soigner, les habiller, en s’émerveillant devant le beau bébé blond dans les bras d’un joli mannequin - irrésistible argument de vente -, mais on détourne la tête devant le marmot joufflu avec sa maman éreintée. À trois mois à peine, on les confie à une inconnue, la circulation en poussette relève souvent du parcours du combattant dont les grandes personnes ne supporteraient pas le rythme ni le stress. Carol Mann détaille avec verve l’image du bébé et de la famille dans les médias, les manuels et la mode. Elle constate le fossé entre le désir d’enfant, les nécessités démographiques, et les obstacles qu’on s’ingénie à multiplier avant une naissance : aura-t-on un beau bébé ? aura-t-on le temps et les moyens d’élever un enfant ? quand une naissance est-elle la plus opportune ? Tant que le bébé sera la mascotte d’une fin de millénaire en pleine crise culturelle, sociale et morale, tant que la maternité sera dévalorisée, réduite à un ensemble de corvées, boulet au pied de la femme active, personne n’aura envie de procréer, de vivre plusieurs fois cette étape exaltante pour la mère comme pour le père. Ce livre est un vigoureux réquisitoire contre la place que notre société donne aux bébés, à la fois indésirables et désirés, et un plaidoyer pour une prise de conscience de tous les parents et futurs parents.