Quels rythmes scandaient la vie privée, la vie sociale, des Grecs anciens, leurs activités psychique et intellectuelle ? Que révèlent les confrontations — voire les conflits — de leurs différentes représentations du temps ? Quelles questions suscite l'étude de ces temporalisations ? Pluridisciplinaire, cet ouvrage mène de la période archaïque à la période romaine. On découvre comment, chez Homère, Hésiode et les poètes archaïques, le temps est mû par des forces inattendues, telles la justice ou encore la poussée vitale (le thumos). Comment, dans les chants de victoire des poètes lyriques, la progression temporelle n'est ni cyclique ni linéaire. Ou encore comment, chez Platon, Aristote ou les grammairiens marqués par le stoïcisme, le temps fait l'objet d'élaborations, où se lit le souci de singulariser la philosophie, de distinguer les facultés psychologiques mises en œuvre dans la perception, de mettre la notion d'acte (le procès) au centre de la théorie des temps grammaticaux. L'étude du paysage civique et des sites funéraires, du calendrier des saisons chez un médecin hippocratique, de la chronologie des poètes chez Hérodote, ou dans l'histoire lointaine de Sparte et d'Athènes, montre que les constructions du temps accompagnent l'émergence de nouvelles couches de la population. Elles témoignent d'une recherche d'harmonie entre le corps et le monde, de la volonté d'inscrire l'équilibre, la bonne organisation (l'eunomia) ou la régularité dans la succession même des révolutions. Rythmes de l'âme et du corps, de la cité et de ses groupes sociaux, de l'existence des mortels face aux dieux, se répondent et se complètent. Leur analyse ouvre de stimulantes voies de recherche à l'étude de la pensée et de la société grecques.