Quelle place pour lareligion dans la société ? Cette question, c'est le christianisme qui l'aposée pour la première fois par la distinction qu'il impose : cité deDieu, cité des hommes. La Révolution française est une fracture essentiellementreligieuse et qui va dominer tout le XIXe siècle.Dans la recherche d'un nouvel équilibre, quelques personnalités illustrentmagnifiquement le renouveau catholique dans la France post-révolutionnaire. Cerenouveau est fait de la redécouverte romantique du «génie duchristianisme», de son intelligence, de son art, de sa tradition. Ils'accompagne aussi d'une réflexion nouvelle sur la nécessité que cechristianisme soit libre vis-à-vis des pouvoirs politiques. Il est enfin marquépar une ouverture sincère à la question de la justice sociale.Ces trois lignesd'inspiration sont admirablement conjuguées et illustrées par l'immense figuredu père Lacordaire (1802-1861). Âme sensible et très grand orateur, ilredonnera au christianisme, notamment par ses conférences à Notre-Dame, seslettres de noblesse dans une époque où le talent littéraire exerçait à justetitre une influence intellectuelle et sociale certaine. Soucieux de justice, ilmettra son rayonnement personnel au service d'une générosité socialeincontestable et d'un sens trèsperspicace des exigences de la liberté. Émerveillé par l'Église à laquelle ilsera fidèle au-delà de son amitié avec Lamennais, il sera un défenseur de saliberté et de sa tradition. En restaurant en France l'ordre des Dominicains, ilentreprendra une oeuvre d'une incontestable fécondité et ce, jusqu'à nos jours.Les problèmes rencontréset courageusement surmontés par cette personnalité très attachante sont endéfinitive très proches de ceux d'aujourd'hui. C'est donc avec bonheur que l'onsuit cette vie pour réfléchir avec Lacordaire à la grande question de savoir,comme le souligne le cardinal Poupard dans sa préface, comment servir d'un seulélan Dieu et la liberté. Spécialiste des XVIe et XVIIe siècles, AiméRichardt a publié de nombreux ouvrages, dont un Fénelon couronné par l'Académie française. Parmises derniers ouvrages parus : Calvin, Érasme, Saint Françoisde Sales, Jean Huss et Bossuet.