La cinéphilie est par excellence le champ de la mémoire : ce ne sont pas les films que nous vénérons, ce sont les traces qu’ils ont laissées en nous. Or, rien n’est plus aléatoire que le processus du souvenir. Reprenant à son compte le principe du « Je me souviens », Gérard Lenne, journaliste, critique et historien du cinéma, se livre ici à un jeu de l’écriture et du hasard qui reconstitue, en filigrane, sa vie de spectateur. Mais la « règle du je », la singularité délibérée de ces résurgences du passé, renvoie à une pluralité, celle du grand puzzle de la mémoire collective. De sorte que la contagion du souvenir gagnera insidieusement le lecteur. Comme elle a gagné, ici, dix dessinateurs dont la vocation est déjà, à travers la B.D., de jongler avec les phantasmes, et tout simplement avec la nostalgie.