Le développement inégal et hiérarchisé de l’espace économique mondial comme des espaces nationaux, est souvent analysé à partir des échanges commerciaux, voire des mouvements de capitaux ; c’est admettre que l’exploitation ne peut naître que des termes de l’échange ou de transferts directs de surplus entre nations ou régions. Il est plus fécond de considérer que la division internationale du travail exprime d’abord une répartition inégale des forces productives, et donc des techniques. La source de l’impérialisme est alors différente : elle réside dans l’aptitude de catégories sociales localisées à produire, retenir et diffuser les technologies nouvelles en fonction de leurs intérêts. La reproduction du pouvoir du centre exige une extension croissante des relations économiques dans l’espace ; cette condition, qui perpétue les hiérarchies spatiales, permet seule d’éviter un blocage qui briserait la suprématie des unités dominantes du centre. En longue période, les phases d’innovation technologique intense verront s’élargir les écarts de richesse entre centre et périphérie, alors que les périodes d’essoufflement technologique entraîneront, dans une ambiance générale déprimée, une tendance à un rattrapage partiel. Toute unité périphérique acceptant le « jeu » de la division internationale du travail proposé (ou imposé) par le centre, ne peut espérer de croissance que subordonnée, sans pouvoir s’attendre à un rattrapage réel.
