À cinq reprises, depuis le début du siècle, au paroxysme d’événements dramatiques, le peuple français, par ses représentants élus, remit son destin entre les mains d’un vieil homme illustre, autrement dit d’un père politique protecteur : ainsi à Clemenceau en 1917, Poincaré en 1926, Doumergue en 1934, Pétain en 1940, de Gaulle en 1958. Jean-Pierre Guichard rappelle comment ces hommes s’étaient préalablement forgé une figure de recours, conduit une enquête minutieuse sur les circonstances de leur retour au pouvoir, décrit l’impact de leur présence et de leur action sur le cours des événements, examine leurs projets et réalisations dans le domaine institutionnel… Phénomène récurrent de notre Histoire du XXe siècle, tantôt facteur de continuité — qui a joué à trois reprises en faveur de la IIIe République —, tantôt facteur de rupture — qui a présidé à la disparition des IIIe et IVe Républiques et à l’avènement de l’État français et de la Ve République —, « l’appel au Père » est, pour la première fois, analysé ici dans sa triple dimension psychologique, politique et historique. L’auteur s’attache en outre à montrer combien fut présente, chez le fondateur de la Constitution de 1958, la préoccupation d’épargner aux citoyens, dans l’avenir, la quête, somme toute hasardeuse et non dénuée de dangers, d’un Père protecteur.