Jusqu’à la Révolution, les communautés rurales du sud de la Garonne se distinguent des communautés du nord du royaume qui sont souvent données, à tort, comme le seul modèle possible et par ailleurs, elles varient d’un pays à l’autre, de l’Agenais aux vallées pyrénéennes et de l’Astarac au Labourd. Dans toute la partie méridionale du royaume, la moindre des communautés rurales a ses jurats ou ses consuls qui font d’elle une vraie municipalité. On peut en juger aux différents aspects de la vie collective : gestion des communaux, levée de l’impôt royal, rôle de la fabrique et exercice de la justice. C’est l’importance prise par la communauté aux dépens de la seigneurie justicière qui permet de montrer en quoi les Pyrénées et l’extrême Sud-Ouest renchérissent en originalité sur l’ensemble de la région. La législation royale n’est pourtant jamais absente car l’État monarchiste sait obtenir ce qu’il veut tout en respectant les privilèges et les usages. Cet ouvrage cherche surtout à montrer la vie publique d’une paysannerie autonome et perspicace, analphabète parfois mais toujours très au courant du droit et de ses droits ; il s’attache aussi à évoquer le charme des porches d’église, des maisons communes, des arbres séculaires et des cimetières où se réunissaient les assemblées de communauté.