La théorie de Marx n’a jamais cessé d’être l’enjeu de luttes idéologiques violentes. Le nom de Friedrich Engels est si souvent associé à celui de Karl Marx, dont il fut toute la vie l’ami et le collaborateur comme fondateur de la doctrine marxiste, et comme dirigeant des luttes de la classe ouvrière au sein des deux premières Internationales, que l’historien se doit d’évoquer en même temps leurs deux vies parallèles. Marx et Engels étant à la fois des penseurs et des hommes d’action, il ne saurait être question de les isoler de la conception du monde qu’ils ont progressivement élaborée et de la lutte qu’ils ont menée pour la faire triompher. C’est par un va-et-vient constant entre la réalité historique, l’action pratique et la réflexion théorique que ce qu’il est convenu d’appeler le marxisme (Marx n’aimait guère ce terme) s’est constitué. À travers la vie de Marx et d’Engels, leurs tribulations en Europe, d’Allemagne à Paris en passant par Bruxelles et Londres, leurs activités débordantes, non seulement au niveau intellectuel, mais aussi dans l’action politique concrète (n’a-t-on pas trop souvent tendance à oublier que Marx et Engels ont également été des « dirigeants », qu’il s’agisse de la Ligue des communistes en 1848 ou de la Première Internationale en 1864 ?), ce sont les mouvements de lutte sociaux dans toute l’Europe avec leur violence, leurs misères mais aussi avec leurs charges d’espoirs, que Jean Bruhat nous restitue ici. L’itinéraire exemplaire de deux intellectuels dont l’influence à puissamment contribué à façonner le monde du XXe siècle.