Ses successeurs feront-ils subir à Sadate le même sort qu’il avait réservé à Nasser ? L’Égypte effacera-t-elle de sa mémoire le second raïs dont les funérailles se déroulèrent sous le double signe de l’absence du peuple du Caire et des Arabes, mais en présence du gotha occidental ? Après un assassinat télévisé. Sadate restera l’homme de la traversée du Canal, en 1973. Mais il a perdu ses trois grands paris : celui de la paix « juste et globale », le Proche-Orient demeure déchiré et les Palestiniens sans État ; celui de la démocratie, l’autoritarisme et la répression étouffèrent une libéralisation timide ; celui du développement, les difficultés économiques sont le lot quotidien d’une société désorientée et sans projet. L’histoire s’interrogera sur cet étonnant chef d’État dont la politique fut un suicide et qui lègue à Moubarak, associé au pouvoir depuis 1975, une Égypte des ruptures.