Qui pouvait mieux parler de la peinture qu'un poète comme Léon-Paul Fargue ? Pour la peinture est un recueil de chroniques dont on ne sait s'il faut davantage admirer la justesse du coup d'œil, la saveur de l'expression ou la profondeur de la sensibilité. Il y a tout dans ce livre : des souvenirs, des idées, voire de la critique d'art. On y apprendra que la Côte d'Azur a fini par ressembler aux tableaux de Dunoyer de Segonzac, tant il est vrai que la nature, comme dit Oscar Wilde, imite l'art. On y lira des remarques passionnantes sur Vélasquez, de séduisants développements sur Vuillard, Bonnard, Monet, Waroquier, Dufy, Luc Albert-Moreau . Montmartre et Daragnès sont les prétextes d'une évocation comme seul Fargue savait en faire, où la réalité et la poésie pour ainsi dire s'augmentent l'une de l'autre. Enfin le poète fait défiler de charmants personnages Little Tich, Mistinguett, Grook, Maurice Chevalier, qu'il a connus, qu'il a aimés, et dont il parle – incomparablement.