Enfant, j'étais naïf et facilement impressionnable. Adam, mon frère aîné, retirait un plaisir extrême à lire la terreur sur mon visage, et ne se lassait pas de me raconter d'horribles histoires qui m'ôtaient le sommeil. Mais c'est beaucoup plus tard, que j'ai regretté de ne pouvoir m'endormir pour plusieurs mois, et me réveiller dans un univers tout neuf. J'ai connu des jours que j'aurais voulu effacer de ma mémoire, mais les souvenirs vous collent à l'âme, comme un vêtement mouillé à la peau. J'ai quitté, depuis bien des années maintenant, la maison où j'ai grandi, mais je ne puis oublier le drame qui s'y est déroulé, et auquel j'ai consenti par mon silence. J'ai, au fond de mon cœur, de quoi faire des cauchemars jusqu'à la mort. Et au-delà peut-être.