Après Un oursin dans le caviar, souvenirs de vingt ans de journalisme, et La cuisse de Jupiter, biographie à peine romancée d'un magnat de la presse, Philippe Bouvard poursuit sa peinture indiscrète de la société française contemporaine. Son nouveau héros, Charles de Saint-Miel, est joueur. Comme lui, et comme tant d'autres, artistes célèbres, cinéastes et avocats en vue, producteurs apparemment comblés, publicitaires de haut vol, mais tous menacés par leur vice de perdre, en une heure, le fruit du labeur d'une année. Son héros meurt à 45 ans, ruiné, rongé, désespéré, tandis qu'autour de lui s'agite la ronde folle et cruelle des partenaires (provisoirement) heureux. À travers cette reconstitution minutieuse et cette étude clinique d'une déchéance ludique, Philippe Bouvard a voulu montrer les ravages d'un fléau dont on parle moins que l'alcool ou que la drogue, mais qui porte, finalement, la responsabilité de nombreuses misères morales, matérielles et physiologiques. Mais avant de parvenir au fond du gouffre, que de rêves insensés, que d'espoirs fous ! Pour tromper ceux qu'il veut perdre, le jeu sait se parer de toutes les séductions. L'auteur qui a sollicité — et toujours en vain — toutes les formes de hasard, en est arrivé à cette conclusion ultime que la seule façon de gagner consistait à publier un livre sur le jeu.