Anne Boleyn, dite la Reine-sans-tête parce que son époux, Henry VIII, la fit décapiter, est fort peu connue en France. Très rares sont les ouvrages qui lui sont consacrés. En Angleterre même, elle est tenue pour une reine de peu de poids, sortie un moment de sa roture par une ambition dérisoire. Son règne, qui n'a duré que trois ans, n'aurait été marqué que par sa maternité de la future Élisabeth la Grande, son mauvais caractère, et sa mort sur l'échafaud. Or, s'étant intéressé à cette période, l'auteur s'est avisé de maintes invraisemblances. Et d'abord celle-ci : c'est Anne Boleyn qui a poussé Henry VIII, qui n'en voulait pas, au schisme d'avec l'Église de Rome ; événement capital, puisqu'il a révélé l'Angleterre à elle-même. Elle s'y est employée avec un étrange acharnement, jusqu'à se faire excommunier, ce qui était à l'époque une sanction épouvantable. Pour se faire néanmoins épouser à un tel prix par Henry VIII, après six ans de lutte et mille péripéties, ne poursuivait-elle pas plutôt une grande politique ? C'est ce dont ses lectures ont persuadé l'auteur, en dépit d'une légende tenace, qu'il s'efforce de dissiper. Une politique aux immenses conséquences, dont l'auteur montre, accessoirement, les prolongements jusqu'à nos jours ; et, de façon audacieuse, puisqu'il va jusqu'à attribuer à cette reine éphémère, la victoire de Churchill sur l'invincible armée allemande ; et, donc, liée à cette victoire, la libération de la France...