Le grand éditeur et exégète humaniste, Jacques Lefèvre d’Etaples, publia de 1517 à 1519 quatre opuscules connus sous le titre des Trois Marie. Parus au moment même de l’émergence de la Réforme luthérienne, vite assimilés – à tort – à la lutte déjà entamée entre novateurs et conservateurs, mais déclenchant à leur tour une querelle célèbre où s’ébauchent les grandes lignes de la campagne antiluthérienne, ces écrits – les seuls qu’il ait publiés comme auteur – définissent la pensée de Lefèvre. En traitant, au nom de la piété et d’une lecture éclairée des textes sacrés, de la question de l’identité de la Madeleine et de la véracité d’une tradition qui fit des saintes femmes des Evangiles les demi-soeurs de la Vierge, Lefèvre s’attaquait à un culte cher à ses contemporains, que ceux-ci défendirent avec acharnement. En outre, sa discussion de la manière de calculer les ‘trois journées’ (le triduum) entre la Crucifixion et la Résurrection du Christ, peu connue, et qui ne provoqua guère de répliques, est peut-être la plus révélatrice de son exégèse, et de ses rapports avec Erasme. Sheila Porrer donne la première édition moderne des quatre opuscules, en établissant le texte latin assorti d’une traduction anglaise. Son introduction et ses notes critiques retracent les origines et le cours d’une querelle essentielle de l’histoire religieuse et culturelle.