Pays musulmans, voisins immédiats d’États arabes et puissances structurantes de la scène moyen-orientale, l’Iran et la Turquie ont suivi, et suivent toujours, avec un très grand intérêt le déroulement du « printemps arabe ». Bien entendu, leurs points de vue et interprétations divergent sur les transformations que connaît le monde arabe. Au fur et à mesure de l’évolution de la situation sur le terrain, les divergences d’opinion se sont approfondies entre Téhéran et Ankara. Si la crise syrienne reflète très clairement l’opposition qui existe entre les deux pays, elle n’est pas la seule question qui divise Iraniens et Turcs.
L’objet de ces lignes est une analyse de la politique des deux puissances régionales à l’égard des bouleversements survenus dans le monde arabe depuis le début de l’année 2011. Une analyse comparative éclaircira les particularités de chacune des deux politiques. Cette mise en parallèle mettra aussi en évidence les divergences d’intérêts croissantes sur le plan régional entre les deux États. Ces divergences auront aussi un impact certain sur leurs relations bilatérales. Elles peuvent remettre en cause le rapprochement significatif que les deux voisins avaient amorcé depuis quelques années. Ainsi, les transformations géopolitiques profondes que le « printemps arabe » a produites ne se limitent pas au monde arabe et aux relations que les deux pays voisins non arabes entretiennent avec lui, mais ont aussi un impact important sur les rapports entre les deux États situés au nord et à l’est de cet espace.