Stendhal a tiré une nouvelle remarquable d’un épisode tragique de la vie des Cenci, grande famille patricienne romaine qui disait compter dans sa parentèle le consul romain Crescentius et qui donna à la papauté un certain nombre de grands serviteurs. La figure la plus connue de la famille fut Francesco (ou François), qui défraya la chronique judiciaire de la fin du xvie siècle, sous le pontificat de Clément VIII. Un véritable tyran, corrompu et cruel.
Il eut quatre fils et deux filles, dont Béatrix (ou Béatrice), auxquels il infligea toutes sortes de sévices, en particulier l’inceste.
Aidée de deux de ses frères, de sa soeur Lucrezia et de sa bellemère, Beatrix fit assassiner son père par des sicaires. Accusés de parricide, ils furent condamnés à l’échafaud par la justice du pape (malgré le crime d’inceste perpétré par le père sur sa fille) et exécutés le 11 décembre 1599. À l’exception du benjamin, qui futenvoyé aux galères, après avoir du assister au supplice des siens. Béatrix, surnommée la « belle parricide », devint une véritable icône pour la foule romaine.
Leur histoire a inspiré nombre de peintres et d’écrivains, en
particulier romantiques, de Shelley à Artaud en passant par Dumas. Le traitement stendhalien de l’affaire insiste particulièrement sur la dimension instinctive des personnages (beaux spécimens de la « plante humaine », dira-t-il), indifférents à l’hypocrisie sociale. Mais aussi sur la révolte et le courage de Beatrix Cenci dressée contre un père qui est une sorte de Don Juan sans scrupule.