« Hamlet de Shakespeare, matrice de tout théâtre (même de celui qui lui est antérieur), est une histoire qui n'en finit pas. Sa centaine de pages en sont, en réalité, cent milliards de milliards, au moins... Mettre en scène Hamlet – qui est, dit-on, le classique des classiques – est une entreprise qui relève, d'emblée, de l'interminable même, de l'impossible. Ou de la folie.
Quant à moi, je reviens toujours à Hamlet (j'essaye de le mettre en scène tous les dix ans). Ou c'est que toujours Hamlet me revient, que, du moins, il m'en revient toujours quelque chose, puisque, à chaque lecture, en effet, je lui prête, j'investis : il me revient, donc, et cela à peine dit, déjà le voici, revenant, spectre, oui, sur mes propres remparts. Et s'il revient à moi, c'est aussi, que, par lui, à travers lui, je reviens à moi, comme après dix ans qui auraient été d'évanouissement. »
Daniel Mesguich